Véronique Kolhlmann Rivière, mosaique coquilles d'oeuf
Véronique Kolhlmann Rivière, mosaique coquilles d'oeuf
artiste
  Portrait

> Briser pour reconstruire

Pendant des années, Véronique Kohlmann-Rivière, petite fille d’Etienne Kohlmann, architecte issu de l’école Boulle (directeur du Studium Louvre jusqu'en 1937) était une adepte de la peinture sur bois.
Elle a brisé sa coquille en 1995 pour faire sortir une artiste d’un genre nouveau : inclassable.
C’est auprès de jeunes traumatisés crâniens, auxquels elle proposait des ateliers créatifs, qu’elle a trouvé une nouvelle énergie, un nouveau mode d’expression. Son objectif était alors de participer à la reconstruction de ces vies brisées, des mosaïques à l’échelle humaine et c’est en cassant avec eux ce qu’il y a de plus fragile, la coquille d’œuf, qu’elle leur a donné la force et l’envie de créer du beau, du neuf.
L’atelier a vécu et c’est désormais dans le sien que s’entassent les coquilles des volatiles les plus « créatifs » en la matière. Des œufs de poules bien sûr, allant du blanc au brun, ceux des oies d’une blancheur maculée, des dindes qui sont d’une grande finesse mais aussi d’oiseaux plus exotiques qui offrent un panel de couleurs étonnantes (bleu, vert, tacheté, presque noir…). Sur les pièces plus imposantes, c’est l’oeuf d’autruche qui a la préférence de l’artiste, pour son côté fragile et solide à la fois, s’alliant parfaitement à des matériaux comme les galets, la faïence ou les émaux. La nature les crée, les oisillons prennent leur envol et Véronique récupère les coquilles brisées pour leur donner une seconde vie. Après avoir recouvert de mosaïque d’œuf bijoux, objets déco, meubles, elle avance dans son art au fil des rencontres et multiplie les techniques.
Un four de potier s’est imposé depuis peu dans son atelier et la mosaïste s’est faite céramiste… Ses pièces sont toutes uniques, façonnées, séchées, émaillées et toujours signées de petites touches de coquilles savamment disposées entre une mosaïque d’ardoise, d’assiettes, d’émaux, de métal, de verre, de plumes. De la plus légère à la plus lourde, aucune matière n’échappe à son œil averti prêt à saisir la beauté cachée que ses mains sauront matérialiser. Quelles que soient les techniques utilisées, le résultat est une œuvre d’art, tout simplement.
Et demain ? Pourquoi s’arrêter là ? Rien n’est figé et le propre de l’artiste est de se remettre en cause chaque matin. « Avec la terre et l’émail, tu ne fais pas ce que tu veux… la matière ne t’appartient pas » et c’est cette surprise qui tient l’artiste en haleine.
Véronique, a envie de nous surprendre encore longtemps, l’œuf n’a pas encore livré tous ses secrets…